Le printemps s’est terminé avec le cinquième dîner vieux vins de l’année. Je parle rarement de prix, mais les demandes par email sont nombreuses, donc pour cette soirée avec les vins et les plats, il fallait débourser 400 Euros (x 8 invités).
Les bouteilles ont été dégustées à l’aveugle, un choix des participants qui souhaitaient découvrir des inconnus gustatifs sans connaître la provenance et le millésime.
Les bulles 1995 de chez Philippe Foreau ont fait un véritable honneur à l’appellation, une explosion de fraîcheur avec un nez d’une folle complexité. Une mise en bouche parfaite pour la suite. La bouteille de Krug Collection 1973 allait constituer une nouvelle étape dans l’univers des grands vins : un nez magnifique avec des notes de terre humide, de résine de pin, de pain d’épices et de fruits secs, une grande nervosité en bouche avec la fraîcheur attendue. La première émotion de la soirée.
J’avais préparé 2 blancs pour les langoustines grillées au beurre de basilic. Un vin provencal, le Château Simone Blanc 1984 (Palette) allait confirmer l’excellent vieillissement de ce cru situé à proximité d’Aix en Provence : un nez aux notes de tilleul, de miel, de citron confit. En bouche, c’est un vin viril qui manque un peu de subtilité pour vibrer avec le plat. Il nous fallait un vin avec une minéralité prononcée. La deuxième bouteille allait nous emmener dans les années 40 avec le mythique millésime 1947. Le Chablis Moutonne du Domaine Long Depaquit, bouteille au niveau imparfait, vin d’apparence fragile avec une magnifique coloration dorée est rentrée dans mon panthéon des très grands vins : nez complexe mêlant des notes pétrolées, la terre mouillée, le café, des notes de miel et de caramel, longueur en bouche vibrante… Il domine le plat, on en oublie la qualité de ces grosses langoustines.
Un magnifique filet de bœuf accompagné d’une sauce au vin légèrement poivrée et de pommes rissolées devait permettre de soutenir les 3 vieux vins rouges.
La dégustation du monumental
La Landonne 1983 en carafe 4 heures à l’avance se passera de commentaires, que du bonheur et quelle jeunesse (un accord parfait avec le plat). J’avais donc cru avo
ir fait une erreur en plaçant ce cru en premier.
Mon second vin rouge, un cru du Liban, le Château Musar 1959 pouvait-il donner la suite ? Avec bonheur il passa favorablement l’examen, ses points forts : la longueur, la finesse, un nez évoquant les épices du sud, le chocolat amer, le tabac, dans un style vieux bourgogne.
Le troisième vin, Les Poyeux 1937, un Saumur Champigny rarissime, un vin au bouquet intact, léger avec un retour dans la jeunesse des arômes. Un vin émotion acquis pour une somme modique (50 Euros). Un vin de dessert ou un dessert uniquement ? J'avais choisi une mousseline très citronnée avec un classique château de Barsac : Climens 1990. On ne loupe jamais ce type d'accord.