01 septembre 2009

Investir dans le vin, à quel prix ?



Est-il possible de faire du vin un bon placement ?

De l'exotisme à l'investissement "bon père de famille", le vin est devenu aussi un produit financier ou une nouvelle valeur refuge, quelques orientations et recommandations pour s'y retrouver.
1/ La première catégorie, le fonds d'investissement tel que le Wine Investissement Club, le Vintage Wine Fund ou Nobles crus.

Tous ces fonds ont été créés dans les années 2000 afin de profiter de la hausse remarquable des prix des grands vins du monde. Mais au préalable, une rapide analyse du marché s'impose pour juger la rentabilité et le succés de ces fonds à l'avenir. Si on compare l'évolution du CAC 40 depuis 2005 à l'évolution du Liv-Ex 100 Wine * (cet index synthétise l'évolution des 100 vins français depuis 2005, principalement des Bordeaux), le vin ressort comme le grand gagnant : + 115 % depuis 2005, contre - 9 % pour l'indice CAC 40.





L'explosion du prix des flacons mythiques a été remarquable ces dernières années et la correction des prix reste légère à ce jour pour les vins "stars". Si on regarde l'évolution de l'index Liv-Ex 500 (qui associe 40 % de vins d'autres régions que Bordeaux), la baisse des prix en 2009 est faible à - 5 % (après une hausse annuelle de plus de 20 % par an). La correction touche surtout le marché bordelais (-18 % en 6 mois), le Rhône, la Champagne et la Bourgogne sont totalement protégés pour le moment, tout comme les stars italiennes. Les 1er crus restent également dans un canal haussier, le graphique concernant le château Lafite Rothschild 2000 en témoigne, avec une forte accélération depuis quelques mois.


Dans cet environnement, avoir le bon millésime est fondamental et une diversification s'impose. La correction des prix à Bordeaux pour le millésime 2005 (courbe du bas) est par ailleurs violente (-28 % en 1 an), alors que le mythique 1982 affiche une résistance unique (courbe du haut). Toutefois, les années 2005, 2000, 1990 ou 1982 seront toujours recherchés par les collectionneurs. 2005 sera un jour un millésime star, comme le 1982 aujourd'hui, tellement séduisant en dégustation. La hausse anormale des primeurs 2005 juste avant le "credit crunch" explique cette chute, il s'agit toutefois du millésime à acheter pour un achat long terme.
Des vieux millésimes de Petrus, du Domaine Jayer, du Domaine La Romanée conti ou du Domaine Leroy garderont également à vie une côte flamboyante. En témoigne, la hausse du Domaine Jayer qui atteint des prix délirants dans les salles des ventes (comme le millésime 1978 ou 1985). Le notation du Guide Parker est également un excellent indicateur (la valorisation du Lafite 2008 après la note 98-100 de Parker est passée de £2 000 la caisse de 12 à environ £3 500), surtout pour les millésimes récents.
Il existe des vins pour lesquels l'investissement pourra être réalisé sans aucun risque (le plus difficile sera de les trouver) : Yquem 1967, tous les crus du Domaine de la Romanée Conti dans le millésime 1999, Lafite 1998 sous coté, le millésime 1982 à Bordeaux dans les grands châteaux bordelais, des grands contenants de bouteilles prestigieuses (par exemple un double magnum de Petrus 2000)
Vers quels fonds ?
Depuis la dissolution du fonds SGAM Premier Cru, l'investisseur français doit se tourner vers des fonds étrangers, principalement gérés à la City et immatriculés dans des pays qui ne sont pas connus pour leur transparence (Caïmans, Bermudes). Si la présence de ces paradis fiscaux peut être inquiétante dans le contexte, il existe également plus proche de chez nous, le fonds luxembourgeois Nobles Crus, géré par deux anciens de Carmignac Gestion Luxembourg. Ces offres s'adressent toutefois à une clientèle fortunée, le ticket d'entrée est supérieur 150 000 Euros (avec 2 % de frais de gestion au minimum et 20 % de commission de performance) et la liquidité est très faible - avec la possibilité de sortir dans certains fonds en bouteilles prestigieuses.
Ces fonds seront-ils pour autant le coktail gagnant du futur ?
Comme dans tous les marchés (bourse, art, pur sang ...), la bulle a éclaté après une spéculation excessive, la barrique est devenue également un actif toxique. Les stocks des millésimes 2006 et 2007 asphyxient tout le secteur, faute de trésorerie suffisante. En réponse, le prix de sortie des primeurs 2008 a baissé de l'ordre de 40 %, il faut absolument faire rentrer du cash. Les perspectives restent moroses pour la majorité des vignobles. Le médiocre millésime 2006 mettra plus de 10 ans à s'écouler comme les millésimes 1987 ou 1997. La grande distribution qui représente 50 % des ventes de Bordeaux en France, n'a quasiment pas acheté de primeurs 2008. L'institution "primeur" va-t-elle résister à cette crise ?
L'article en lien offre une éclairage intéressant en anglais (http://liv-ex.typepad.com/livex_fine_wine_market_bl/2009/05/reforming-en-primeur.html).
Mais la correction traversée par tous ces fonds me semble suffisante pour retrouver un intérêt dans ces supports. En effet, la crise ne concerne pas les vins mythiques, les grands millésimes (1929, 1945, 1947 ou 1982 ...), les grands de la Bourgogne (DRC, Leroy, Auvenay, Rousseau ...). Dans une optique à long terme, ces supports offrent une bonne perpective. La tendance des premiers crus est à nouveau à la hausse, le Château Latour qui se négociait 1 850 Euros la caisse en mai dernier, se négocie actuellement proche du double, tout comme Mouton 2008 qui se négocie autour de 4 000 Euros.
Toutefois, la transparence de ses fonds pourrait être nettement améliorée. Hormis le Vintage Wine Found qui affiche ses performances détaillées, les fonds Nobles Crus et Wine Asset Manager offrent aucune communication sur leur situation financière. Quant au Bottled Asset Fund création d'un ancien d'UBS avec une multiplicité de fonds de capital risque comme actionnaire (Blackstone, CVC capital Partnairs, Soros and Fransisco Partnairs ...), le peu de communication m'invite à me demander s'il existe encore.
2/ Le groupement Foncier viticole
Devenir propriétaire de vigne par procuration, le GFV a pour but d'acquérir des vignes pour les mettre à disposition d'un vigneron qui va les exploiter. En contrepartie, l'investisseur va bénéficier d'avantages fiscaux :
- Outil de transmission efficace fiscalement. Il permet de réduire les droits de mutation à titre gratuit, contrairement à l'assurance vie, où la limite est de 70 ans.
- Dans le cadre d'une sucession, l'économie de droits de mutation sera de 75 % dans la limite de 76 000 Euros par bénéficiaire, puis 50 % au-delà.
- Pour l'ISF, la réduction est de 75 % dans la limite de 76 000 Euros, puis 50 % au-delà de ce seuil.
Proposer en solution de diversification de patrimoine, le rendement est faible en apparence (moins de 3 %) et l'investissement long (25 ans). Il peut cependant être amélioré par un loyer versé en bouteilles. En effet, si le vigneron est réputé la plus-value peut être très importante. Le GFV géré par André Manière a confié les vignes au Domaine Méo-Camuzet : le loyer du vin est indexé sur le prix à l'hectolitre. Pour le Vosne-Romanée les Chaumes, le prix est fixé à 17 euros la bouteille, hors le prix moyen dans le commerce est de l'ordre de 60 Euros. La valorisation des parts peut également croître dans le temps, en fonction de la qualité du vigneron et de la réputation des terres.
3/ Acheter un vignoble
Hors de prix, la rentabilité d'un tel investissement est subordonnée aux compétences du vigneron en matière de vinification et au savoir-faire du domaine en terme de commercialisation. Il offre les mêmes conditions avantageuses en matière de fiscalité et de donation que le GFV.
4/ se constituer une cave
Mon plaisir, celui d'un passionné.
* http://www.liv-ex.com/pages/static_page.jsp?pageId=100, un site très complet, le vin est traité comme un produit financier.
**http://www.liv-ex.typepad.com/, le blog est parfait, la finance du vin en graphique, l'analyse du marché.

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