Deux soirées en peu de temps, les recommandations vont vites et me voilà à nouveau entouré d'un groupe de passionnés. Pour une fois, cet événement s'adresse à une clientèle jeune (il ne faut pas voir un esprit critique de ma part).
Exceptionnellement, le nombre de participant se portait à 12, les magnums ont été débouchés.
Un magnum de grande cuvée de chez Krug, dégorgé depuis 4/5 ans, affirme un caractère solaire, finement épicé. Une belle entrée en matière, mais le flacon ne laisse pas un grand souvenir, je ne saurais expliquer pourquoi.
Puis un RD 1985 (également en magnum) de la maison Bollinger confirme bien le classement sur les marches du podium de ce domaine. Tension, minéralité, une bouteille éclatante, bouche tranchante, une explosion de fraîcheur en bouche. Tout le monde s'accorde à dire que ce champagne est très grand, il fait presque oublier le Krug.
Ces 2 bouteilles ont été servies avec des gougères et un magnifique jambon de Bayonne rougi au piment d’Espelette.
Il est toujours difficile de trouver de l'inspiration, la mise en bouche est issue d'une recette de Thorel publiée sur le site Internet de L'Auberge-Bretonne. La crème d'oseille aux huîtres est une recette facile, très équilibrée, je n'hésite pas à ouvrir un flacon découverte, « un petit vin sur l’étiquette » : un magnum de Muscadet de chez Guy Bossard 1989. Magistrale d'acidité, seule bouteille servie à l'aveugle pour démontrer le potentiel du cépage Melon au vieillissement. Le vin se comporte avec talent et accompagne le plat avec réussite.
Les timbales de pâtes fraîches au beurre servies avec des lamelles de truffe noire (les dernières de la saison) vont faire honneur aux vieux millésimes. Nous avons d’abord essayé de tester le plat avec un vieux vin blanc, un Vouvray Demi-sec Le Haut Lieu 1924, du Domaine Huet. Le vin est proche de l’accord parfait, mais évoque plus la truffe blanche d’Alba que la truffe noir. C’est la bouche qui est géniale avec cette tension, cette fraîcheur et cette finesse que l’on retrouve rarement dans les vins de plus de 80 ans. Je souhaitais ensuite introduire sur le même plat, un vieux bordeaux en proposant aux invités de croquer une lamelle de truffe. Le Château Cheval-Blanc 1958 issu d’un petit millésime est une belle surprise, avec son nez dominé par le tabac brun, des notes de sous-bois et les épices. Il n’évoque par en particulier la truffe mais ses arômes sont en harmonie totale avec le plat.
Le canard rôti et son gratin de pommes de terre vont me permettre d’introduire la Bourgogne. J’avais envie de faire découvrir un millésime très jeune, avec le Vosne Romanée les Suchots 2003 du Domaine Prieure Roch. Un vin surprenant et/ou déroutant pour certain, un coup de cœur pour moi, à consommer sur le fruit. Dégusté en partie avant le plat, il évoque toute la finesse du pinot noir, les fleurs fanées, la framboise, un fumé magnifique.
Le deuxième flacon permet de découvrir un grand vin évolué (les vins de Prieure Roch n’évolueront jamais ainsi), l’Echézeaux 1978 du Domaine de la Romanée Conti rappelle tout l’univers du gibier à plume, il fonctionne parfaitement avec le plat (la truffe noire apparaît à l’aération). Servi à l’aveugle, la Mission haut Brion 1948 va clore l’excellente série de rouge. Je connais bien ce vin pour avoir dégusté 3 bouteilles sur les 6 acquises. Celle-ci est certainement la plus grande (niveau parfait, bouchon très net) et la plus applaudie (néanmoins d’une grande intensité aromatique la bouche est un peu courte à mon avis).
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